14 février 2007

L'emploi des jeunes au Cameroun : réalités et perspectives d'avenir

Des ressources humaines mal qualifiées
Pour certains observateurs, le problème de l’emploi au Cameroun relève moins du nombre d’emplois disponibles que de la qualité de l’offre de travail. En d’autres termes le profil des candidats à l’emploi n’est pas toujours adapté à l’offre disponible.

La conséquence de cette inadéquation entre les formations et les emplois disponibles est que les entreprises ne disposent pas d’un capital humain de qualité suffisante pour maintenir et accroître leur performance. Elles sont donc moins compétitives sur le marché local et à l’international avec les conséquences que l’on peut imaginer dans un monde où les barrières économiques disparaissent. Cette situation n’est que la résultante d’un contexte culturel et socio-économique non encore préparé à la compétition. Plusieurs facteurs permettent de comprendre cela.

Une culture de l’« employariat »
Les jeunes aujourd’hui rêvent tous d’avoir une situation financière et sociale très aisée, qui les éloignerait du besoin matériel et les sortirait de l’indifférence sociale. C’est légitime. Là où le bât blesse, c’est qu’ils ne voient qu’un seul moyen pour atteindre cet objectif : être employé.

Ils cherchent tous à être recrutés soit comme fonctionnaires et pas dans n’importe quelles fonctions : inspecteurs des impôts, douaniers, magistrats, diplomates ; soit comme cadres dans structures internationales (ONG ou entreprises). Et tout au long de leurs études et de leur carrière professionnelle, tous leurs efforts sont déployés pour atteindre cet ultime objectif et avec des méthodes, devenu dit-on, courantes mais peu orthodoxes ou éthiques : corruption, pratiques de sorcellerie, brimade de jeunes professionnels trop ambitieux, etc…

Ainsi, règne une culture administrative, une culture de la sécurité de l’emploi et non de la productivité ou de la performance. C’est elle que nous appelons ici employariat ou employmentship. Ceci peut expliquer en partie, pourquoi malgré des taux de croissance supérieurs à zéro, la pauvreté ne recule pas de manière sensible car la force de travail consomme plus qu’elle ne produit. Avec tous ces jeunes orientés (ou qui s’orientent) vers les emplois salariés, c’est un grand potentiel de créativité qui dort ou s’endort. Mais pourquoi en sommes nous encore là ?

Un environnement institutionnel inadéquat ou inopérant
Plusieurs facteurs peuvent permettrent de comprendre cet état de choses :

Vestiges d’un Etat fort et centralisé
Cette situation n’est que la conséquence d’une situation économique où l’Etat était, et est encore dans une moindre importance, à la fois le régulateur et le premier acteur économique, principal pourvoyeur d’emplois à travers l’administration ou à travers les entreprises publiques ou parapubliques.

Réduction des moyens financiers de l’Etat et Inactivité des services d’orientation
Avec la crise économique qui commence dans les années 80, les services d’orientation déjà insuffisants en nombre, se retrouvent sans moyens et ne peuvent plus offrir aux jeunes les services découlant de leur mission.

Les nouveaux modèles sociaux
La fin des années 80 a connu l’émergence d’une nouvelle classe d’entrepreneurs, les fournisseurs de l’Etat ou entreprises de marchés publics, dont le mérite dépend moins de leur performance que de leur réseau d’influence.

Un cadre juridique et fiscal insuffisamment incitatif
Le Cameroun ne dispose toujours pas de véritables structures chargées d’encourager et d’accompagner les entrepreneurs (aspirants et existants). Comme on est toujours en attente d’un cadre réglementaire et fiscal adapté à la Petite et Moyenne Entreprise qui faciliterait la création et le développement des PME.

Le décret présidentiel réorganisant la Chambre de Commerce en 2002 a mis sous la responsabilité de cette institution, la mise en place de « centres de gestion agréés ». Mais aucune unité de ce type n’a encore vu le jour.

L’environnement socio-économique du Camerounais se trouve donc dominé par la culture de l’employmentship, des ressources humaines pas adaptées aux besoins des entreprises et autres entités économiques et un environnement institutionnel favorable à la persistance des deux premiers facteurs cités. Autant de choses qui ne sont pas favorables à la création suffisante de richesses nécessaires pour réduire la pauvreté de moitié d’ici à l’horizon 2015.

Au-delà des questions d’employabilité, c’est la problématique de l’entrepreneurship qui est posée. Careers Development Services (CADES) est une initiative qui vise à apporter une solution à cette double problématique de l’emploi et de l’entrepreneurship, dans l’optique de contribuer à l’émergence d’une culture de la performance et d’une culture de l’entrepreneurship.

2 commentaires:

Unknown a dit…

Il faut aussi noter le probleme de:
-la déliquesence des valeurs. En principe les jeunes n'ont plus les bons repères. En principe tous aspirent à être inspecteur des impôts et autres douaniers parce que la train de vie ostentatoire que véhicule ces hommes en service fait rêvé.
- La qualité et le style de formation: il faut se poser la question de savoir si le volet créateur d'entreprise est véritablement prs en compte dans la formation des jeunes.
- certes l'état à ces lacunes mais il ne faut pas oublier qu'à force de trop crier sur l'état; l'Etat providenciel qui doit repondre à toutes les questions, on a finit par façonner une mentalité d'attentiste.

Anonyme a dit…

Oui, probablement il est donc