6 novembre 2008

Jeunesse, Pauvreté et création d’entreprise au Cameroun


La population camerounaise est essentiellement composée de jeunes. Si l’on se réfère aux statistiques datant d’avril 2003 et repris dans la politique nationale de la jeunesse du Cameroun en octobre 2006, les jeunes âgées de moins de 25 ans représentent 63,8% de la population camerounaise et ceux de moins de 15 ans environ 43%.

Sur le plan économique, les jeunes sont parmi les premières victimes de la pauvreté qui sévit au Cameroun depuis les années 90. « En 2006, il est estimé que plus de 90% des jeunes vivent avec moins d’un dollar par jour. La pauvreté des jeunes varient considérablement selon les régions passant du simple au double entre les zones urbaines où l’incidence est de 22 % en moyenne et les zones rurales où elle atteint des pics de 50 % ».

Par ailleurs, « le chômage et le sous-emploi atteignent des niveaux très élevés en milieu jeune. Selon les résultats de l’Enquête sur l’Emploi et le Secteur Informel (EESI 2005), environ 11% des jeunes de 15 à 29 ans sont en chômage, particulièrement en zone urbaine. Le sous-emploi global concerne environ 94% et 84% des jeunes âgés de 15 à 19 ans et de 20 à 24 ans respectivement (BIT). Les jeunes ruraux sont les plus concernés par le sous-emploi : environ 95% et 88% des jeunes ruraux âgés de 15 à 19 ans et de 20 à 24 ans respectivement sont sous-employés contre 90% et 77% des jeunes urbains des mêmes groupes d’âge ».

Les statistiques ci-dessus sont révélatrices des difficultés que rencontrent les jeunes au Cameroun pour s’insérer dans la vie active. Cette situation est aggravante car « depuis l’avènement de la crise économique qu’a traversé le pays, le nombre de jeunes hautement qualifiés mais sans perspectives d’emploi, s’est accru et constitue une cible préoccupante majeure [pour le gouvernement camerounais] » et ce d’autant plus que, « Selon EESI 2005, le marché du travail est caractérisé par une très forte prépondérance des emplois informels (95% des jeunes actifs), de plus en plus précaires, indépendants et faiblement rémunérés, d’où le fort attrait de l’emploi public qui continue de symboliser la réussite ».

L’emploi public est considéré par les jeunes comme une source de revenus stable et à vie. Il représente la sécurité. Mais les salaires qui y sont pratiqués ne peuvent offrir une vie décente conforme aux aspirations des jeunes d’aujourd’hui. Par ailleurs, vu les ressources financières limitées de l’Etat et le nombre de places disponibles, l’Etat en recrutant les jeunes ne pourra pas absorber plus de 25% des jeunes dans le besoin (à la recherche d’un emploi). Quelle issue donc pour les autres?

Avec une population croissante et jeune, un secteur bancaire surliquide, un tissu industriel diversifié, et une position géostratégique en Afrique centrale, le Cameroun dispose d’une économie à fort potentiel de croissance. Il y a donc de la place et un besoin pour de nouvelles initiatives économiques. La création d’entreprise peut donc être une alternative sérieuse (par rapport à l’emploi salarié public ou privé dont les offres sont limitées et les conditions précaires) pour les jeunes qui veulent intégrer la vie active.


Il revient à l'Etat de stimuler la création d'entreprise. Mais c'est aussi un engagement individuel.

Luc FOLEU
Consultant en Microentreprise
Juillet 2008

Aucun commentaire: